
La méthode part d’une trace d’ADN inconnue prélevée sur une scène de crime : ce profil est comparé à d’immenses bases de données, souvent issues de tests génétiques « récréatifs » réalisés par des particuliers curieux de leurs origines. À partir d’un parent éloigné identifié, des recherches généalogiques classiques permettent de dresser la liste de descendant.e.s et de réduire les suspects par recoupements.
Efficacité prouvée, mais limites scientifiques et juridiques
Des études (référencées dans la presse scientifique) estiment qu’une part importante de la population peut être identifiable via ces fichiers. La méthode n’est pas infaillible : elle dépend de la qualité de la trace, de la présence de profils pertinents dans les bases et d’un long travail de généalogie documentaire et d’exclusion.
Les magistrats du pôle se disent favorables à un encadrement qui « sécuriserait juridiquement » leurs pratiques innovantes et permettrait de débloquer « une trentaine d’affaires » selon Gérald Darmanin. Le projet proposé vise à concilier besoin d’efficacité et garanties procédurales en réservant l’autorisation à un juge et en limitant l’usage aux dossiers les plus graves.
Enjeux éthiques et risques pour la vie privée
Joëlle Vailly, généticienne et sociologue, rappelle que l’envoi volontaire de son ADN par un particulier engage aussi « la famille biologique passée, présente et future » et que l’apparenté à un utilisateur de ces services risque, sans le savoir, d’être plus souvent soumis à des investigations. Les tests récréatifs mesurent des centaines de milliers de marqueurs, incluant des informations sur l’origine géographique et l’état de santé — des données à forte valeur marchande qui peuvent être vendues, revendues ou volées.
Questions de souveraineté et de bases de données
Le ministre a évoqué la nécessité d’un « Fnaeg étendu » et d’une « base souveraine de constitution génétique » pour chaque pays, afin de réduire la dépendance à des bases étrangères, notamment américaines, alimentées par des tests illégaux en France. Cette proposition renvoie aux débats sur la protection des données, la maîtrise nationale des outils d’enquête et la coopération internationale indispensable pour l’efficacité des investigations.
Sources : Sciences & Avenir, Le Monde
Julia Rodriguez




Lors d’une visite au pôle « cold cases » de Nanterre, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé, le 20 octobre, qu’il proposerait en janvier une loi permettant aux magistrats d’autoriser l’usage de la généalogie génétique pour élucider des affaires anciennes non résolues. Jusqu’ici sans cadre légal en France, cette technique serait strictement réservée, selon le ministère, aux crimes les plus graves (meurtres, viols, enlèvements) et placée sous contrôle judiciaire. Décryptage dans notre nouvelle revue de presse.