
En France, près d’un foyer sur cinq était concerné par cette situation en 2020. Un phénomène social majeur, dont les conséquences sanitaires restent encore trop peu mesurées. Ces foyers, souvent contraints de vivre dans des habitats humides, mal chauffés ou mal ventilés, sont 3,5 fois plus touchés par l’asthme, et présentent 42 % de troubles anxieux et dépressifs supplémentaires par rapport à la population générale. Ces conditions de vie dégradées aggravent les maladies chroniques, favorisent les infections respiratoires et peuvent, dans certains cas, conduire au décès.
L’étude Rénov’Santé explore les liens entre habitat, rénovation et santé publique
C’est pour mieux comprendre ces mécanismes que l’Observatoire régional de la santé (ORS) Auvergne-Rhône-Alpes et la chaire HOPE ont lancé, en partenariat avec SOLIHA, les Compagnons Bâtisseurs et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), l’étude Rénov’Santé. Son objectif : documenter scientifiquement les effets des travaux de rénovation énergétique sur la santé.
Conduite dans six départements de la région (Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Puy-de-Dôme et Rhône), l’étude suit des ménages en situation de précarité énergétique dont les logements ont été rénovés en 2023. Les premiers résultats sont attendus pour 2026.
Une méthodologie croisant données médicales et conditions de logement
L’étude Rénov’Santé repose sur une approche inédite : croiser les données de santé des participant.e.s avec les caractéristiques techniques de leur logement avant et après rénovation.
Quatre grands axes structurent les travaux :
- Évaluer l’évolution de la consommation de soins médicaux : visites chez le médecin généraliste ou spécialiste, recours aux urgences, hospitalisations, délivrance de médicaments, notamment psychotropes et traitements respiratoires.
- Comparer ces données avec celles des bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (C2S) sur le même territoire.
- Mesurer la santé perçue des habitant.e.s, à travers des enquêtes téléphoniques et en ligne.
- Analyser la performance globale des logements rénovés, en intégrant des indicateurs tels que la qualité de l’air, le confort thermique et la consommation énergétique.
Des appareils de mesure seront installés dans un échantillon de foyers, tandis que les informations issues du Système national des données de santé (SNDS) seront exploitées, avec l’autorisation de la CNIL, pour observer l’évolution des comportements de soin sur un an.
Un investissement rentable pour la santé publique
Les initiateurs de Rénov’Santé le rappellent : agir contre la précarité énergétique, c’est aussi agir pour la santé publique. Chaque euro investi dans la rénovation des logements précaires permettrait d’économiser plusieurs centaines de millions d’euros sur les dépenses de santé liées aux maladies respiratoires, aux pathologies chroniques ou à la détresse psychologique.
En démontrant concrètement l’impact positif des rénovations sur la santé, l’étude vise à renforcer l’accès des ménages vulnérables aux dispositifs d’aide et à orienter les politiques publiques vers une approche plus intégrée du logement et de la santé.
Etiez-vous au courant du lien entre précarité énergétique et santé ? N’hésitez pas à nous le faire savoir dans les commentaires.
Sources : ORS Rhône-Alpes, SOLIHA
Crédit photo : Thibaut Devulder
Julia Rodriguez




Être en précarité énergétique, ce n’est pas seulement vivre dans l’inconfort ou le froid : c’est aussi voir sa santé se dégrader. Derrière les murs mal isolés se cachent des pathologies chroniques, des troubles respiratoires et des impacts psychologiques parfois sévères. Pour y remédier, une étude d’envergure – Rénov’Santé – a été lancée afin de documenter les effets concrets de la rénovation énergétique sur la santé des ménages. On vous explique tout ça dans notre nouvelle revue de presse.