À quelques mois des élections municipales, la 2ᵉ édition de l’enquête Union Mutame – Le Courrier des Maires « Le maire employeur, protecteur de ses agents » dresse un état des lieux contrasté : si la qualité des services publics locaux a globalement été préservée durant le mandat, les contraintes financières et le défaut d’attractivité risquent de peser lourdement pour la prochaine mandature.

Un bilan de fin de mandat positif malgré quelques tensions
La robustesse du service public local semble avoir tenu bon au cours du mandat qui s’achève, marqué notamment par la crise de la Covid. Selon l’enquête menée en avril dernier, 57 % répondants* estiment que la qualité des services publics locaux s’est maintenue ces deux dernières années, un chiffre qui atteint 65 % dans les communes de moins de 5 000 habitants. Seuls 14 % constatent une détérioration (16 % dans les communes de moins de 5 000 habitants).
Plus de la moitié des directeurs généraux adjoints en charge des RH et des DRH rapportent également avoir recruté davantage pour pouvoir mettre en œuvre les services publics locaux. Avec en majorité, des contractuels (74 % contre 54 % pour les titulaires), en particulier au sein des intercommunalités (92 %)
Un prochain mandat sous tension financière
C’est sur le plan budgétaire que l’inquiétude est la plus vive, avec « des moyens financiers qui malheureusement ne vont cesser de décroître », estiment certains répondants à l’enquête. D’autant le projet de loi de finances 2026, en cours de discussion, pourrait faire peser sur les collectivités locales un effort financier encore plus lourd (gel des dotations, restrictions fiscales, ajustements de compensations…).
Près de deux tiers des collectivités considèrent ainsi qu’elles ne disposeront pas des ressources nécessaires pour assurer la mise en œuvre de leurs politiques publiques lors du prochain mandat 2026-2032. Seules 29 % se montrent confiantes.
Cette crainte liée aux contraintes financières est particulièrement marquée chez les cadres territoriaux (68 %) et culmine à 75 % pour les grandes villes de plus de 50 000 habitants. Une situation qui laisse présager une équation compliquée pour les futures équipes municipales : parvenir à faire aussi bien, voire mieux, mais avec moins.
Relever le défi de l’attractivité
Aux difficultés financières vient s’ajouter un enjeu de taille pour les collectivités territoriales : la désaffection persistante pour la fonction publique territoriale.
Pour attirer et recruter dans les collectivités, mais aussi fidéliser les équipes, les élus et cadres territoriaux tablent sur une meilleure rémunération, une politique de primes et une revalorisation de la grille indiciaire.
L’augmentation des rémunérations et primes est d’ailleurs une priorité pour 43 % des répondants. Ces derniers évoquent des « primes incitatives ou des salaires équivalents au secteur privé », « des salaires attrayants par rapport aux grandes entreprises privées », ou encore « plus de souplesse dans la rémunération de la fonction publique selon les catégories et grades ».
Les répondants soulignent également la nécessité d’offrir de meilleures conditions de travail (43 % attendent une meilleure animation des équipes), d’améliorer le bien-être au travail, avec une meilleure couverture en santé et en prévoyance.
La préservation des liens de proximité avec le public et les usagers est enfin considérée comme un facteur essentiel d’attractivité, en particulier par les élus.
Maintenir la qualité des services publics et donner envie d’exercer dans la fonction publique territoriale, c’est aussi redonner du sens à l’action locale. Comme le met en lumière la 2ème enquête Union Mutame-Le Courrier des Mutame, les collectivités auront besoin, à l’avenir et en cette période pré-électorale pour les communes, de communiquer davantage sur l’intérêt général et sur le sens du service public. De mieux faire connaître les métiers territoriaux et de (re)valoriser l’image des fonctionnaires et du service public.
Par Estelle Chevassu
* Enquête réalisée en ligne par l’institut d’études Infopro Digital pour l’Union Mutame et Le Courrier des maires et, du 8 au 25 avril 2025, auprès de 581 répondants : élu(e)s, DRH, DGA/DGS, secrétaires de mairie, collectivités territoriales (majoritairement des communes de moins de 5 000 habitant(e)s et des intercommunalités).


