Dans un rapport publié mardi 27 juin, l’Ordre national des médecins plaide fermement pour un encadrement plus strict des pratiques de soins non conventionnelles et du terme docteur. Le docteur Claire Siret, membre de l’Ordre national des médecins, s’est exprimée sur le sujet, on vous en parle dans notre nouvel article.

Les propositions de l’Ordre des médecins pour un encadrement plus strict des pratiques de soins non conventionnelles

L’Ordre des médecins estime qu’il est essentiel de tirer la sonnette d’alarme sur les dérives thérapeutiques, car ils reçoivent quotidiennement de nombreux signalements à ce sujet. En 2022, ils ont reçu pas moins de 1 700 courriers signalant de telles dérives, ce qui soulève un véritable problème de santé publique. Selon le docteur Siret, il y a une banalisation croissante des pratiques de soins non conventionnelles, ce qui représente un danger réel. L’objectif n’est pas de diaboliser ces pratiques, mais plutôt de souligner qu’elles ne doivent pas se substituer aux thérapies établies, au risque de mettre en danger la vie des patient(e)s.

L’augmentation des dérives thérapeutiques

Les institutions prennent également conscience de l’augmentation des dérives thérapeutiques. Le dernier rapport de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) met en évidence que les nouvelles pratiques d’emprise se trouvent principalement dans le domaine de la santé. En réponse à cela, le gouvernement a réactivé le « groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique », conformément à la promesse de la ministre Agnès Firmin le Bodo. Ce groupe permettra aux différentes parties prenantes de discuter et d’avancer ensemble sur cette problématique.

La pandémie de Covid-19 a été un facteur qui a accéléré le recours aux pratiques non conventionnelles. Le docteur Siret affirme que la crise sanitaire a renforcé le désir de revenir à la nature et de se recentrer sur soi-même. Les pratiques non conventionnelles se présentent alors comme une réponse à ces aspirations, ce qui explique leur popularité croissante. Outre la pandémie, la pénurie de soignant(e)s est également une raison majeure pour expliquer le recours accru aux pratiques non conventionnelles. La démographie médicale est un problème sociétal qui engendre des souffrances, tant pour les médecins débordés que pour les patient(e)s qui peinent à trouver des soins. Cette pénurie entraîne un renoncement inquiétant aux soins médicaux. Ces derniers peuvent alors chercher ailleurs des oreilles attentives, mais peuvent aussi se retrouver face à des réponses inadaptées et dangereuses pour leur santé.

Le terme « médecine » réservé aux seuls médecins

Actuellement, il n’existe aucune interdiction d’utiliser le mot « médecine » pour promouvoir des pratiques non conventionnelles non validées scientifiquement. Des termes tels que « médecine naturelle » ou « médecine douce » créent un cadre faussement rassurant pour les patient(e)s. Parallèlement, il n’y a pas non plus de cadre réglementaire pour l’utilisation du terme « docteur » par les personnes travaillant dans le domaine de la santé. L’Ordre des médecins réclame donc que la nature exacte du doctorat soit précisée pour éviter toute confusion.

Concernant l’évaluation des pratiques non conventionnelles, le Docteur Claire Siret souligne qu’ « elles ne sont pas validées scientifiquement. Si elles se contentent de faire du bien-être, ce n’est pas inquiétant. Nous sommes inquiets quand elles se substituent aux soins. »

L’ambiguïté des diplômes universitaires

L’Ordre des médecins dénonce également les entrées douteuses dans les facultés de médecine. Bien qu’ils n’aient pas le pouvoir de les interdire, des diplômes universitaires tels que la médecine anthroposophique* continuent d’être créés. Bien que ces diplômes ne confèrent pas de titres ni la possibilité de se réclamer d’une spécialité médicale, ils existent et sont validés par les facultés. L’Ordre des médecins souhaite sensibiliser les doyens aux dangers que cela représente et appelle à une discussion sur ce sujet.

Le cas de l’homéopathie soulève également des ambiguïtés. Bien qu’elle ne soit plus remboursée et que ses allégations scientifiques soient remises en question, le docteur Siret estime qu’elle doit être prescrite par un(e) professionnel(le) de santé. L’homéopathie n’est pas considérée comme une pratique non conventionnelle, mais plutôt comme une pratique intégrée dans un parcours de soins.

En sensibilisant les acteur(trice)s de la santé, l’Ordre espère réhabiliter l’esprit critique chez les patient(e)s et les informer de manière adéquate. Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à réagir dans les commentaires.

*Anthroposophie : mouvement de pensée qui se veut proche de la nature et qui voit le monde comme mû par des forces spirituelles.