Dans une étude publiée par la Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES), la santé mentale des personnels hospitaliers a été examinée durant l’été 2021 et comparée à celle de la population active. On vous en détaille les résultats dans notre nouvelle revue de presse.

Une détresse croissante chez les soignant(e)s : les mauvaises conditions de travail à l’hôpital amplifient le mal-être

L’étude met en évidence la fréquence des symptômes de dépression, d’anxiété et le besoin de prise en charge psychologique parmi les travailleur(euse)s hospitalier(ère)s, en les comparant aux symptômes déclarés par l’ensemble des personnes en emploi. Les résultats obtenus mettent en lumière le lien étroit entre ces symptômes et les conditions de travail ainsi que les caractéristiques sociodémographiques du personnel hospitalier.

L’étude s’est appuyée sur les données recueillies dans le cadre de l’enquête EpiCov, mise en place par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et la DREES. Au total, 85 000 personnes ont répondu, parmi lesquelles 2 900 étaient des salarié(e)s du secteur hospitalier.

Dépression et anxiété davantage présentes chez les soignant(e)s

Les résultats indiquent que le personnel hospitalier souffre plus fréquemment de symptômes de dépression et d’anxiété par rapport à l’ensemble des travailleurs en emploi. En effet, 41 % des travailleur(euse)s hospitalier(ère)s présentent des symptômes de dépression légère à sévère, contre 33 % chez l’ensemble des personnes en emploi. De même, 30 % du personnel hospitalier déclare des symptômes d’anxiété, tandis que ce chiffre s’élève à 25 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Notons que les symptômes de dépression légère à modérée sont nettement plus fréquents chez les soignants hospitaliers (38 %) que chez les autres travailleurs (30 %). Cependant, les symptômes de dépression et d’anxiété graves sont tout aussi courants chez le personnel hospitalier que chez l’ensemble des travailleur(euse)s. De plus, les soignants hospitaliers déclarent plus fréquemment que les autres travailleur(euse)s des répercussions de ces symptômes dans leur vie quotidienne (26 % contre 19 %).

Les causes du mal-être

L’étude révèle également qu’un quart des personnes travaillant à l’hôpital affirment avoir besoin d’aide pour faire face à des difficultés psychologiques, contre 19 % chez l’ensemble des travailleur(euse)s en emploi. Depuis le début de la crise sanitaire, 11 % du personnel hospitalier ont consulté un(e) professionnel(le) pour la première fois, contre 7 % dans l’ensemble de la population.

Quelles sont les premières explications tirées de cette enquête ? Tout d’abord, les situations de tension au travail avec une demande psychologique forte et une latitude décisionnelle faible. D’autre part, les difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle et les incitations à repousser un arrêt maladie sont également des éléments qui contribuent au développement de symptômes anxieux et dépressifs. Evidemment, comment ne pas parler tout simplement de la surcharge de travail associée à une pénurie chronique de personnel hospitalier. Tous ces facteurs mis bout à bout constituent ainsi un terreau fertile et génèrent de forts troubles en santé mentale chez les soignant(e)s travaillant en milieu hospitalier.