
Le cofinancement public, une clé de survie menacée
L’enquête nationale pilotée par la Cour des comptes confirme que sans cofinancement, aucun chantier d’envergure n’est envisageable. En 2024, les collectivités ont reçu 52 % des 267 millions d’euros alloués par l’État aux monuments historiques. Mais cette aide, essentielle pour limiter le reste à charge moyen autour de 43-45 %, est fragilisée par la baisse annoncée des crédits dans le Projet de Loi de Finances 2025. Le mécénat privé, souvent réservé aux sites emblématiques, ne peut compenser qu’à la marge.
Optimiser, mutualiser, valoriser : des pistes encore sous-exploitées
Face à cette équation budgétaire intenable, la Cour des comptes recommande plusieurs leviers : la programmation pluriannuelle des travaux, la mutualisation des ressources techniques au niveau intercommunal et, en dernier recours, la cession de certains biens. La valorisation touristique et culturelle du patrimoine est également jugée essentielle, à condition que les modèles économiques soient réalistes. Des expériences locales, comme à Semur-en-Auxois ou Besançon, montrent qu’une gestion concertée peut renforcer l’attractivité des territoires tout en pérennisant leur patrimoine.
Des règles trop complexes qui freinent les projets
Au-delà des questions financières, les collectivités dénoncent la complexité des réglementations, où se superposent normes patrimoniales, urbanistiques et environnementales. La loi de 2016 sur la liberté de création et l’architecture devait simplifier le cadre, mais sa mise en œuvre reste trop lente. Résultat : dans certaines villes comme Besançon, les périmètres de protection se multiplient, freinant les projets et accentuant des difficultés sociales, notamment un taux de vacance des logements deux fois supérieur dans les zones protégées.
Un enjeu de gouvernance et de formation
Enfin, les rapports soulignent la nécessité d’améliorer le dialogue entre élu.e.s et architectes des bâtiments de France, dont les avis parfois divergents compliquent l’anticipation. Ils encouragent aussi à mieux former les élu.e.s locaux aux enjeux patrimoniaux, afin de dépasser la logique du court terme et d’intégrer le patrimoine dans une stratégie de développement durable et d’attractivité territoriale.
L’État, propriétaire de seulement 4 % des monuments historiques. Etes-vous étonné.e.s par ce chiffre ? N’hésitez pas à réagir dans les commentaires.
Sources : Cour des Comptes, le Journal du Palais
Photo : Edouard Hue
Julia Rodriguez
Un poids financier difficilement soutenable
Les collectivités territoriales détiennent près de la moitié des 46 000 monuments historiques en France, soit bien davantage que l’État, qui n’en possède que 4 %. Cette réalité place de nombreuses communes, souvent de petite taille et aux ressources limitées, face à une charge financière démesurée. L’exemple de Salins-les-Bains (Jura) illustre l’ampleur du défi : maintenir son patrimoine monumental en bon état représente l’équivalent de 19 années de dépenses d’équipement. Aux monuments classés s’ajoutent par ailleurs des milliers d’édifices religieux non protégés, dont la conservation repose entièrement sur les communes.