Face aux défis croissants du système de santé, marqué par une augmentation des dépenses sans amélioration significative de l’accès et de la qualité des soins, les cliniques communautaires offrent une alternative prometteuse. Coup de projecteur sur cette innovation, l’exemple d’Hologic France dans notre nouvelle revue de presse.
Présentes en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique, ces structures à but non lucratif adoptent une approche multidisciplinaire qui prend en compte les déterminants sociaux de la santé. Leur gouvernance citoyenne et leur finalité sociale en font des modèles d’innovation, particulièrement pour les populations marginalisées et isolées.
Une approche centrée sur les besoins locaux et les partenariats
Les cliniques communautaires, comme celle de Pointe-Saint-Charles à Montréal ou Quartier Santé Lemasson à Montpellier, intègrent des professionnel(le)s varié(e)s, allant des infirmier(ère)s aux travailleurs sociaux. Elles se distinguent par leur capacité à établir des partenariats solides avec des organismes locaux, permettant des interventions adaptées aux besoins spécifiques des quartiers qu’elles desservent. Par exemple, à Pointe-Saint-Charles, une infirmière a pu diagnostiquer des problèmes respiratoires chez un patient liés à son logement insalubre, mobilisant des ressources communautaires pour améliorer ses conditions de vie.
À Québec, la Coopérative de solidarité SABSA démontre que 90 % des interventions ne nécessitent pas de médecin, mettant en avant le rôle crucial des infirmières praticiennes dans la prise en charge des patient(e)s atteint(e)s d’hépatite C et de VIH-sida, souvent en marge du système de santé classique.
Le numérique comme outil d’inclusion et de transformation
Les cliniques communautaires explorent également les opportunités offertes par la transformation numérique pour enrichir leur mission. Les structures québécoises se sont dotées de dossiers médicaux électroniques dès 2016, tandis que le Quartier Santé Lemasson a intégré des outils numériques dès sa création en 2022. Ces technologies facilitent la gestion des données et le suivi des patient(e)s, tout en maintenant une dimension humaine.
Cependant, certaines cliniques refusent d’implanter des outils numériques complexes (systèmes de gestion de file d’attente, bornes de rendez-vous), craignant qu’ils n’accentuent les inégalités d’accès. À la place, elles utilisent les réseaux sociaux pour transmettre des informations et maintenir un lien proche avec leurs usager(ère)s, renforçant ainsi l’esprit communautaire.
Des défis à surmonter pour maximiser leur impact
Malgré leur potentiel, les cliniques communautaires font face à des contraintes financières et logistiques. L’absence d’un écosystème dédié au numérique communautaire, qui soutiendrait le développement et l’évaluation d’outils adaptés à leurs besoins, les oblige à affronter les mêmes défis que les grandes institutions de santé, avec des ressources bien plus limitées.
Pour maximiser leur impact, il est crucial de soutenir ces structures dans leur transformation numérique tout en préservant leur mission de proximité. En investissant dans des solutions numériques inclusives, les cliniques communautaires pourraient non seulement renforcer l’autonomie des patient(e)s, mais aussi contribuer à réduire les coûts associés à une approche strictement curative.
En mettant en avant une approche interdisciplinaire, sociale et locale, les cliniques communautaires illustrent un modèle alternatif qui pourrait inspirer une transformation plus large du système de santé. Leur capacité à intégrer le numérique de manière adaptée et à collaborer étroitement avec les communautés les positionne comme des acteur(trice)s clé(e)s pour répondre aux besoins croissants des populations tout en réinventant la manière de concevoir les soins.
Julia Rodriguez